Patrick Artoan, 2021.

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Le pied pense autant que la main.
Tout le corps envoie des informations,
des attitudes, des traversées
afin de créer des passages.
Fabienne Verdier

Lorsque nous observons un paysage, un lieu précis, avec attention, nous ne voyons qu’une partie de ce qui se manifeste à notre regard. Nos yeux sont voilés par notre propre manière de nous représenter les choses, souvent précédée par une construction perceptive qui freine l’accueil de la réalité.

Certains êtres passent derrière le voile, sortent d’entre les murs et affrontent les choses qui agitent leurs multiples facettes ; ils vont à la rencontre de la puissance primordiale qui anime la matière des mondes.

Lorsque nous éveillons en nous l’audace d’une telle entreprise solitaire, nous allons questionner les choses dans leur texture de fond.

Nous constatons les mouvements, les turbulences qui fluent entre l’énergie de l’humain et l’énergie de l’univers. Chasseurs de vérité, nous allons à la capture de ce que nos constructions mentales, sociales, nous contraignent à ignorer.

Nomades à l’affût de l’immensité, nous sollicitons les éléments. Nous invitons les forces à jouer avec nous ; humble et en accueil, nous nous laissons habiter par elles (Rilke).

Nous allons à la genèse des formes, nous nous aventurons dans l’étendue de l’indéterminé, de l’originel, à la source des choses, de ce qui enclenche transformations et mutations.

Nous choisissons nos outils d’artisan, d’artiste, d’explorateur tenace, de créateur obstiné, et nous nous attribuons la mission de témoigner par signes à ceux qui veulent entendre, voir, saisir ces traces ramenées de notre périple.

Ils s’emparent de cette source formalisée, rendue visible selon notre art, en deviennent participants à leur guise, et dès lors, ils cherchent à leur tour l’origine des mondes au cœur même de leur existence.

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