L’amour nous tient au corps, le sentiment amoureux s’ébroue en nous et nous lui rendons hommage.
Nous voulons le dire, le traduire, le clamer, lui donner les mots qu’il mérite, qui rendent le mieux la manière dont il nous trouble, nous saisit dans la chair et le sang.
Et nous y parvenons parfois. Lorsque quelqu’un écoute notre chant tel qu’il émerge de nous en sa multiple mélodie d’ailes et de feuilles, d’air d’altitude et de chemins ouverts…

Associer l’inspiration poétique intime et l’inspiration esthétique avec des portions de la matérialité naturelle, des traces, des signes de formes, de mouvements et de couleurs, qui se répondent en un même lieu de randonnée.
Nous pouvons lire ces versets comme l’énoncé du sentiment amoureux. Ou bien discerner le rapport concis entre nos percepts du monde et le monde lui-même. Ou encore – plus subtile acrobatie – les deux à la fois…

Les phrases s’imposent parfois comme si elles étaient forgées dans un métal bleu au double feu du moment et du lieu.

Il n’est plus possible d’y rien changer, tel un aigle levé à contrevent porté vers un essor que ses propres ailes n’oseraient pas arguer.
Et plongées aussitôt dans une eau souterraine afin de s’y durcir et demeurer ainsi, à n’en plus pouvoir s’immiscer dans quelque propos, débat ou allocution des avenues du monde.

Et c’est le privilège de la poésie que d’agréer une telle délinquance de langue qui laisse le lecteur dans une hypnose trouble d’où, quoique sa conscience se fige sur ces rameaux luisants, elle ne s’élève pas moins vers les aires fugaces de ses trajets de songes, des orbes de ses fables, de ses traversées rupestres ou de ses régates au long cours…